Le marché de Sawahil : une porte vers les Tenebres
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Autour du marché, les bâtiments se dressaient tels des sentinelles oubliées d’un âge révolu. Certains, cylindriques et imposants, rappelaient les forteresses des premières heures de l’Empire. Leurs toits plats croulaient sous le poids des antennes rouillées et des câbles pendants, vestiges d’un monde refusant obstinément de s’écrouler. Au-dessus, des drones et des barges flottantes patrouillaient mollement, projetant leurs ombres agitées sur la foule en contrebas, telles des esprits tourmentés.
Le marché lui-même formait un rectangle parfait, ses étals serrés délimitant un périmètre autour de la place centrale. Aux quatre coins, des tours de garde imposantes se dressaient, silencieuses et immobiles, garantes d’un ordre fragile. Mais ce qui captivait véritablement le regard, c’était le monument en son cœur.
Le temple, une pyramide élancée et creuse, culminait à près de quinze mètres de hauteur. Sa base en marbre rose était ornée de runes concentriques, scintillant faiblement comme si elles contenaient une énergie ancienne. En son centre, une double hélice s’élevait avec une élégance presque irréelle, telle une échelle torsadée défiant les lois du possible. Au sommet, une sphère lumineuse diffusait une lumière douce et hypnotique sur la place. Un escalier serpentait autour de la structure, menant à une plateforme surélevée qui donnait accès à l’intérieur du temple, un lieu à la fois sacré et intimidant.
Alors que Gharib et Souuhl s’approchaient de la première rangée d’étals, un planeur fendit l’air devant eux, les obligeant à zigzaguer parmi une foule dense et oppressante. L’atmosphère était suffocante, saturée par une brume de poussière soulevée par des milliers de pas nerveux. Les étals débordaient de marchandises aux allures douteuses : pièces mécaniques rafistolées, nourriture recyclée ou mutée, et légumes aux teintes bleuâtres improbables, sans doute produits sur des sols modifiés par génie génétique.
Les marchands hurlaient avec une ferveur désespérée, leurs voix s’entrechoquant dans le vacarme constant. Au-dessus, les barges flottantes livraient des caisses aux commerçants qui, en sueur, réapprovisionnaient leurs stands dans une frénésie acharnée. Tout semblait en perpétuel mouvement, un rythme implacable battant au cœur de cette humanité frénétique.
Gharib prit les devants, ses mouvements précis, presque furtifs. Il se glissa sous une toile écarlate, ses yeux rivés sur la place, attentifs au moindre détail. L’air s’épaissit soudainement, chargé d’une tension palpable.
Du ciel, une navette d’assaut impériale descendit lentement, ses moteurs émettant un grondement sourd, presque menaçant. Elle atterrit derrière le temple, son arrivée calme, mais lourde de présages.
Le visage de Gharib se durcit. Au milieu du chaos apparent, l’ordre implacable de l’Empire venait d’imposer sa présence. Ce marché grouillant, symbole d’une humanité encore libre dans son désordre, était devenu un terrain de chasse. Le danger était là, plus proche qu’il ne l’aurait souhaité.
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